Identifier les Intelligences multiples dans la gestion des hauts potentiels

Identifier les Intelligences multiples dans la gestion des hauts potentiels

Au cœur de la gestion des hauts potentiels, lorsque l’on est amené à auditionner des candidats par dizaines, voire plus, il est essentiel d’opérer un tri pour n’en garder que les plus talentueux. Au-delà des impératifs du poste à pourvoir, le responsable RH doit donc savoir déceler le potentiel de chacun, car le risque de passer à côté de certaines compétences demeure.

Pour cela, il faut savoir reconnaître les différentes formes d’intelligences. La notion d’intelligences multiples est une théorie que l’on doit au professeur Howard Gardner, psychologue et enseignant en éducation à l’université d’Harvard. Il a ainsi distingué 8 formes d’intelligences, détaillées dans son ouvrage Frames of Mind en 1983 pour les 7 premières puis en 1996 pour l’intelligence naturaliste.

Chacune de celles-ci permet d’identifier un, voire plusieurs domaines où l’être humain est capable de briller. Découvrons un aperçu de ces 8 intelligences selon Gardner.

Doué avec les mots : le cadre à haut potentiel verbal/linguistique

Détenir cette intelligence, c’est avoir une aisance hors du commun dans le maniement et la compréhension du langage. Cela renvoie naturellement à tous ceux exerçant des métiers liés à l’écriture et aux prises de paroles publiques. Les écrivains, les journalistes, les poètes mais aussi les avocats et les publicitaires.

Plus généralement, tous ceux pratiquant un métier où ils investissent énormément dans leurs capacités oratoires et rédactionnelles sont concernés.

Ces personnes ont une facilité naturelle à comprendre et à se faire comprendre. Ils nourrissent régulièrement leur savoir par la lecture, la rédaction ou l’écoute. Tout aussi souvent, ils sont très pointilleux sur l’emploi du vocabulaire et le respect de l’orthographe.

Imaginer avec précision : l’intelligence spatiale/visuelle

Il s’agit là de pouvoir s’imaginer mentalement certains environnements, dans toute leur complexité. Elle est courante chez les architectes, les urbanistes, les peintres, les dessinateurs, les paysagistes, les metteurs en scène ou encore les navigateurs.

De là découle un très bon sens de l’orientation et la capacité d’estimer les chemins les plus rapides pour se rendre à une destination.

Ils sont tout aussi doués pour résoudre des puzzles ou manipuler les jeux de construction, lire des cartes même les plus alambiquées. L’agencement des objets dans un espace défini est pour cette raison très simple à leurs yeux. La disposition des meubles et des cartons dans moyen de transport par exemple.

Avoir l’oreille : détection du potentiel musical/rythmique

Gardner dit de ces personnes douées d’intelligence musicale qu’elles sont très réceptives aux sentiments que peuvent inspirer la musique.

Souvent sensibles aux sons, ces dernières tapent du pied, chantonnent, se mettent même à danser à l’écoute d’une musique entraînante. Elles sont sensibles, non seulement à la musique, mais aussi aux timbres de voix, aux accents particuliers.

Elles ont également une bonne mémoire des mélodies et sont capables de les reproduire ou d’en créer de nouvelles, basées sur celles-ci.

Tout naturellement, on retrouve parmi eux des acteurs du monde musical : chefs d’orchestre, chanteurs, compositeurs, ingénieurs du son, luthiers… Parmi eux comptent aussi des personnes plurilingues, de par leur capacité à adopter aisément les subtilités d’un dialecte étranger.

Raisonnement et argumentation : l’intelligence logique/mathématique

Loin de se résumer à « savoir compter », l’intelligence mathématique et logique repose sur la résolution d’un problème de manière rationnelle.

Ce sont des personnes sensibles à la précision, aux faits et surtout à la logique. Tout devrait, selon eux, être explicable et expliqué par une cause et un effet. Généralement issus du milieu scientifique, ces derniers sont souvent des ingénieurs, ou aussi des médecins.

Ils sont très organisés, à l’aise avec les informations chiffrées, les tableaux et ils ont en plus une grande facilité à apporter leurs déductions à partir d’énigmes. Fins stratèges, ils sont habituellement doués pour les jeux d’échecs et tous ceux nécessitant un bon sens tactique. Ils ont aussi une certaine aptitude à manœuvrer des successions de relations logiques désignées par des symboles.

Manier son corps : l’intelligence corporelle/kinesthésique

On pense évidemment dans ce cas précis aux sportifs, aux danseurs, mais aussi aux comédiens ainsi qu’à tous les travailleurs manuels … toutes ces personnes usant de leur corps pour se manifester.

Mais plus que de simplement s’exprimer par leur corps, ces individus ont une maîtrise de leur morphologie et leurs mouvements.

L’intensité des activités d’un athlète, l’exubérance d’un acteur pendant qu’il joue une scène,… tout cela relève de l’intelligence corporelle. La manipulation d’objets est également concernée, à titre d’exemple le chirurgien ou le mécanicien.

D’une manière générale, ces personnes ont besoin de mouvements et ne peuvent s’épanouir en étant cloitrées sur une chaise ou un bureau. Cette intelligence-ci est, plus souvent que les autres, le fruit de nombreuses années d’exercices pratiques.

Connaissance de soi : le management du haut potentiels intrapersonnel

Modèle de self-control, celui qui maîtrise son être peut être considéré comme un bon candidat en matière d’intelligence intrapersonnelle.

Parfaitement conscient du domaine dans lequel il excelle  et celui qu’il ne maîtrise pas, il assume scrupuleusement les responsabilités de ses actes et sait apprendre de chaque activité, qu’elle soit un succès ou non.

Il a le goût d’apprendre en permanence, aime expérimenter et éprouve un grand besoin de dresser régulièrement un bilan de sa progression. Il connaît également très bien ses limites et sait par conséquent jusqu’à quel point il est capable d’expérimenter.

L’intellectuel intrapersonnel sait interpréter à la perfection chacun de ses propres ressentis et sait s’en servir de manière optimale dans son existence quotidienne. On fait généralement appel à lui dans les milieux de la psychologie et de la psychiatrie.

Comprendre l’autre : l’intelligence interpersonnelle

Très à l’aise dans les relations avec autrui, les personnes douées en intelligence interpersonnelle n’ont pas de difficultés à s’adapter socialement.

Elles sont naturellement capables de lire les émotions et les desseins de leurs interlocuteurs, et de réagir en conséquence, quitte à être légèrement manipulatrices.

De leur sociabilité et leur empathie hors normes résulte une grande tolérance et un sens aigu de la collaboration. Ces individus ont souvent de nombreux amis, apprécient de communiquer et travailler avec les autres.

Plus important : ces personnes ont le goût d’arbitrer des différends. Il est fréquent qu’au cours d’un échange avec elles, ces dernières comprennent ce qu’éprouve leur interlocuteur avant même qu’un seul mot n’ait été formulé.

Très souvent, elles exercent un métier tel que la politique, la formation ou encore le commerce. Ce sont des meneurs d’hommes par nature dont le charisme facilite énormément les échanges, aussi  bien dans le domaine professionnel que privé.

L’intellectuel interpersonnel a tendance à sortir du lot en politique.

L’ami de la nature et des bêtes : l’intelligence naturaliste

Tout aussi spécifique sinon plus que les précédentes formes d’intelligence, l’intellectuel naturaliste a la capacité d’identifier et catégoriser toutes sortes d’êtres vivants.

Arbres, plantes, animaux, minéraux mais aussi êtres humains sont leurs principaux centres d’intérêts. Leur environnement les fascine, les agissements des hommes et des animaux également, des plus petits aux plus imposants.

Ils savent généralement très bien regrouper les informations concernant ces êtres.

Ces intellectuels sont  aussi profondément intéressés par les mécanismes de leur propre corps et de leur personne.

Cela inclut également la compréhension des éléments psychologiques de leur être. Souvent accoutumés aux questions d’ordre écologique, on compte parmi eux des botanistes, des biologistes, des éleveurs ainsi que des psychologues.

8 intelligences, 8 potentiels

Ce que l’on associe notamment aux « dons » ou aux talents innés peut ainsi, selon la théorie d’Howard Gardner, être qualifié comme intelligence. Intelligence certes différente de ce que le monde académique a pour habitude d’appeler ainsi, mais intelligence tout de même.

formes d’intelligence

Il n’est pas forcément évident de distinguer chacune de ces formes d’intelligence, ni  de distinguer celles qui sont dominantes lors d’une rencontre en entretien.

Cependant, les échanges entre le RH et le candidat serviront précisément à donner certains indices sur les sensibilités de ce dernier. A partir de là, l’entreprise pourra dresser plus exactement un profil ainsi qu’une liste des compétences exploitables chez le postulant.

Il va de soi que le milieu professionnel global n’accorde pas la même importance à chacune de ces formes d’intelligences. En revanche, du point de vue du travailleur, identifier celles-ci permet de s’orienter vers le secteur qui valorise le plus une intelligence ou une autre.

questionnaires types

Pour mieux spécifier la valeur que le futur collaborateur peut avoir au sein de la société concernée, il existe également des questionnaires types permettant de déterminer la forme d’intelligence la plus représentative d’une personne. Eventuellement, le service RH peut proposer ce questionnaire en guise de test écrit avant l’entretien qui, lui, confirmera ou non le portrait intellectuel ainsi établi.

Enfin, il convient de rappeler qu’avoir un penchant pour une forme d’intelligence ne signifie pas du tout être dans l’incapacité de développer les autres formes dans le milieu professionnel.

A titre d’exemple, une personne à dominance spatiale/visuelle peut  travailler à l’aide de schémas complexes, de cartes.

Mais simultanément, il peut lire ces documents à haute voix tout en les expliquant à ses collègues, exerçant de ce fait en parallèle son intelligence linguistique (lecture) et son intelligence interpersonnelle (explication de son document de travail à autrui).

intelligences dominantes

Il est donc à charge du service RH de retenir les candidats en fonction de leurs intelligences dominantes et leur compatibilité avec le poste. Tout cela sans négliger le fait qu’on puisse leur ouvrir d’autres opportunités pour qu’ils progressent dans les autres formes.

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